Paris, le 30 Juillet 1908
Le Ministre de l'Instruction Publique et des Beaux-Arts
à Monsieur le Préfet de Vaucluse
Vous avez bien voulu, à la date du 13 Juillet courant, appeler mon attention sur la situation particulièrement digne d'intérêt dans laquelle se trouve M. H. Fabre, l'auteur des « Souvenirs Entomologiques », que l'Académie des Sciences a si justement honoré de ses récompenses. Je n'ignore point la valeur des travaux de ce savant, aussi modeste que désintéressé, et je sais que ses oeuvres sont de celles qui honorent particulièrement la Science française.
Je croyais, d'ailleurs, que l'Académie des Sciences et l'Association des amis Sciences s'intéressaient à M. Fabre d'une façon toute particulière et mettaient à sa disposition des subventions suffisantes pour lui permettre de poursuivre ses travaux avec toute la quiétude nécessaire. Aussi ai-je été fort surpris d'apprendre, par votre dépêche, que sa situation confine à la misère. Quoi qu'il en soit, il ne m'est pas possible, à mon grand regret, de répondre aux intentions que vous m'exprimez en acquérant la collection de champignons peints à l'aquarelle dont M. Fabre consentirait à se séparer. Mais, l'appel ému que vous m'avez adressé me suggère le seul moyen que j'aie de remédier à l'infortune de ce savant.
Je suis donc prêt à accorder à M. Fabre sur le crédit des encouragements aux gens de lettres une somme de mille francs qui sera ordonnancée dès que vous m'en exprimerez le désir.
Gaston Doumergue
source : Médiathèque Ceccano, Avignon. MS 5878.