Cher Maître et ami,

Monsieur Belleudy, le préfet de Vaucluse, me parle de son projet de s'adresser au Musée d'Avignon pour l'acquisition de mes aquarelles concernant les champignons. Avant de rien conclure, je tiens à vous consulter sur certain point que voici :

Je possède un herbier ordinaire représentant de peu s'en faut la flore entière de la France, tant marine que terrestre. La Provence et notamment le Mont Ventoux, y sont largement représentés.

De mon côté, je tiendrais à ce que les deux parties ne fussent pas séparées, d'un côté l'ouvrage du pinceau et de l'autre la plante sèche. Il convient que le tout se maintienne ensemble.

Si votre Musée Arlaten ne possède encore rien d'analogue en fait de botanique, ma double collection, celle du pinceau et celle de la plante en nature, pourrait-elle y trouver asile ? Dans le cas de l'affirmative, nous aurons encore à parler du projet, car je doute que le Musée à Avignon, déjà si riche en plantes avec l'incomparable herbier Requien, soit désireux d'augmenter sa collection botanique.

Votre tout dévoué

J.-H. Fabre

Sérignan (Vaucluse)

8 7bre 1908.

[note de F. Mistral sur le manuscrit : J'ai répondu au bon Fabre que, l'espace nous manquant pour ajouter au Museon Arlaten un musée d'Histoire naturelle ( minéralogique, botanique, etc. ), il ne fallait pas compter sur nous pour l'acquisition de ce qu'il nous propose. ]

source : Mairie de Maillane.