Monsieur

J'ai remis d'après votre désir à l'économe du Séminaire les trois ouvrages sur les Algues que vous aviez eu l'obligeance de me prêter. Je vous remercie de m'avoir laissé quelque temps entre les mains ces trois volumes dont j'ai profité de mon mieux pour déterminer les plantes marines qui me sont tombées sous les mains ; mais hélas ! vous n'étiez plus là et Dieu sait combien d'erreurs se sont glissées sans doute dans mes déterminations. Je vous remercie surtout, Monsieur, de votre inépuisable complaisance lorsque que je venais si souvent vous importuner au sujet de mes trouvailles inconnues, de cette complaisance qui fait que votre souvenir est ce que j'emporterai de plus précieux de la Corse.

J'ai fait une ample provision du Peplis erecta près de la Chapelle des Grecs. Comme vous m'aviez recommandé de cueillir cette plante pour vous, avant de partir pour le continent je la laisserai à l'adresse que vous me désignerez si toutefois cela en vaut la peine.

Nous entrons en vacances à la fin du mois. Si vous avez quelque chose à faire passer à Avignon je m'en chargerai on ne peut plus volontiers.

Agréez, Monsieur, mon regret de ne pas vous voir encore avant de partir, et mes souhaits pour votre santé si précieuse aux sciences.

Votre très humble et tout dévoué serviteur.

J.-H. Fabre

Professeur de physique
Ajaccio 9 Juillet 1849

Sources :
- Médiathèque Ceccano, Avignon : 4ème série, n° 6396.
- Vingt trois lettres de Jean-Henri Fabre à Esprit Requien (1849-1851) par J. Granier et P. Moulet in Bulletin des Amis d'Orange, n° 102, 4ème trimestre 1985.