A MON FILS JULES
Cher enfant, mon collaborateur si passionné pour l'insecte, mon aide si perspicace pour la plante, à ton intention j'avais commencé ce travail ; en ton souvenir je l'ai poursuivi, et je le poursuivrai dans l'amertume de mon deuil. Ah ! que la mort est odieuse quand elle fauche la fleur dans tout l'éclat de l'épanouissement ! Ta mère et tes soeurs apportent sur ta pierre des couronnes cueillies dans le rustique parterre qui faisait tes délices. A ces couronnes fanées par le soleil d'un jour, j'ai joint ce livre, qui, je l'espère, aura un lendemain. Il me semble ainsi continuer nos études communes, fortifié que je suis dans mon indomptable foi dans le réveil de l'AU-DELA.
Jean-Henri Fabre
source :
Souvenirs entomologiques, Jean-Henri FABRE, 1882, IIème Série, Dédicace.